Deux créations (Quelle Histoire Mag en 2016, et un titre annoncé pour le mois de mars autour des animaux) ; une douzaine de nouvelles formules (Pirouette et Les P’tites Sorcières en 2016, les autres étant programmées pour l’essentiel en 2017), soit la quasi-totalité des titres jeunesse proposés par l’éditeur : pas de doute, ça bouge chez Fleurus !

Rappelons que Fleurus Presse est un éditeur historique de la presse jeunesse. Son premier magazine, Cœurs vaillants, voit le jour en 1929. Le groupe s’appelait alors « L’Union des œuvres catholiques de France ». Il prend le nom de « Fleurus Presse » en 1986 et devient une filiale de Télérama rattaché au groupe Les Publications de la Vie Catholique. Fleurus Presse a été le premier éditeur à proposer un chaînage dans la presse éducative (Perlin et Pinpin, créé en 1956 a en effet été le premier titre qui s’adressait aux moins de 8 ans, et donc aux petits frères et sœurs des lecteurs de Fripounet et Marisette, lui-même créé en 1941). Le système de diffusion a lui aussi évolué, il s’est ouvert à la vente en kiosque alors que dans les années 1980 encore, la majorité des ventes s’effectuait par abonnement avec un réseau de diffuseurs bénévoles via l’église et l’école. Ces titres historiques et très populaires en leur temps ont aujourd’hui disparus (le titre en vie le plus ancien est Abricot né en 1987, un titre racheté aux publications du Labyrinthe) ce qui fait que Fleurus est paradoxalement l’éditeur de presse jeunesse le plus ancien mais qui a à son catalogue des titres plus jeunes que ses concurrents !notre_histoire

Parmi les titres actuels, il y a des créations, comme les magazines destinés aux filles : Les P’tites filles à la vanille, Les P’tites princesses et Les P’tites Sorcières. D’autres sont le résultat d’une longue histoire comme Le Monde des ados*. Le groupe a lui-même connu plusieurs rachats au cours de ses bientôt 90 ans d’existence, dont le dernier en date, en mai 2015, par le groupe Unique héritage Media (UHM).

Aujourd’hui le catalogue est entièrement « repensé, modernisé et renforcé » pour reprendre les mots de son Président, Emmanuel Mounier. Nous avons voulu en savoir un peu plus.

Cinq questions à Emmanuel Mounier :

Dans l’intitulé du groupe « Unique Heritage Media », il y a le mot « héritage ». Que reste-t-il de l’histoire du groupe, et comment se définit-il aujourd’hui ?

Unique Heritage Media est un groupe spécialisé dans le monde de la presse, de l’édition, du numérique et de l’audiovisuel, à destination de la jeunesse. « Unique » pour signifier la relation entre les générations, la qualité du temps passé entre parents ou grands-parents et enfants ; « héritage » pour le côté transmission du savoir ; et « Média » pour les supports.

Fleurus a une longue histoire dans la presse, et a connu de grands succès depuis la création de Cœurs Vaillants en 1929. Il s’agit aujourd’hui de redynamiser la presse jeunesse en s’appuyant sur les compétences du groupe, en offrant du contenu à la fois ludique et éducatif. Et pour cela de continuer la mission de transmission, avec des magazines papier qui permettent de diffuser une culture et un savoir.

Quelle Histoire Mag est un bimestriel interactif réalisé en partenariat avec la start-up Quelle Histoire ; la nouvelle formule de Pirouette propose un éveil à l’anglais avec la start-up Pili Pop. Avec ces deux jeunes structures qui appartiennent à votre groupe, comment voyez-vous l’avenir de la presse jeunesse, entre papier et numérique ?

Le groupe Unique Heritage Media est constitué de plusieurs filiales : le groupe presse et ces deux start-up. Ces trois activités sont appelées à collaborer de façon plus importante et toujours innovante.

La start-up Quelle Histoire a d’abord conçu des applications numériques destinées à faire découvrir l’Histoire sur tablettes aux enfants à travers les grands personnages, les civilisations et les mythes (plus d’un million d’applications numériques vendues). Puis elle s’est diversifiée dans l’édition en développant de petits livres de 40 pages, à partir de ses applications. C’est aujourd’hui un succès commercial avec à son catalogue plus de 70 titres, un rythme de création de deux nouveautés chaque mois et quelques 500 000 livres vendus en trois ans. On assiste donc là à un chemin inverse en terme de diversification puisqu’on passe d’un produit digital à un support papier. Enfin il y a eu en 2016 la création du magazine Quelle Histoire Mag qui exploite les personnages crées et utilise l’interactivité numérique dans un magazine papier. Le digital devient, avec ce titre,  un complément au support papier.

La start-up Pili Pop Labs a développé quant à elle des applications numériques destinées à aider les enfants à apprendre les langues étrangères. Aujourd’hui deux langues sont concernées, l’anglais et l’espagnol. À partir du mois de mars 2017 s’y ajoute le français en tant que langue étrangère, destiné à l’international. Le principe est de proposer aux enfants d’apprendre les langues étrangères en écoutant et en parlant grâce à un moteur de reconnaissance linguistique vocal. Le tout dans un univers de jeux et d’histoires, en restant très ludique donc. À l’avenir d’autres magazines pourront bénéficier de ce support qui a le grand mérite de permettre de pratiquer, y compris à l’oral, une langue étrangère au quotidien.

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Vous annoncez des nouvelles formules pour l’ensemble de vos titres jeunesse. Qu’en est-il de la diffusion ?

Tous les titres de Fleurus Presse bénéficieront en effet d’une nouvelle formule dans les dix-huit prochains mois, et pour l’essentiel d’ici la fin de cette année 2017.

La part des abonnements est très importante, cela passe par la communication via les écoles avec un réseau de responsables dans les régions. Pour ce qui est de la vente en kiosque, le nombre de kiosques ayant diminué ces dernières années d’un tiers, la vente des magazines par ce réseau a diminué dans les mêmes proportions. Mais les nouveaux titres se font naturellement connaître par ce réseau.

Les magazines destinés spécifiquement aux filles sont-ils toujours une priorité ?

Ces trois magazines, Les P’tites filles à la vanille, Les P’tites princesses et Les P’tites Sorcières, sont très appréciés. Ils sont donc appelés à continuer, avec un axe fort sur le temps de lecture (histoires et bandes dessinées). En revanche il n’y a pas de projet pour développer cette gamme en direction des adolescentes, Le Monde des ados est un titre qui concerne autant les filles que les garçons.

Avec Quelle Histoire Mag et National Geographic Kids, y a-t-il une volonté d’élargir l’offre des magazines documentaires ?

Non pas particulièrement. La volonté de Fleurus Presse est de lancer dans les quatre prochaines années un nouveau titre par an, dans tous les domaines, avec un vrai travail de fond pour renouveler et redynamiser la presse jeunesse. L’idée est de proposer des magazines qui soient intéressants et ne s’appuient pas exclusivement sur des licences ou soient issus du monde de la télévision comme on le voit trop aujourd’hui. Il y a une vraie place pour la presse jeunesse papier, couplée avec une offre numérique complémentaire.

QH - NGK

Propos recueillis par Aline Eisenegger, Revue des livres pour enfants n°293 / Février 2017 / BnF – Centre national de la littérature pour la jeunesse

* Le Monde des ados est le résultat d’une longue histoire. En effet le groupe Fleurus a une grande expérience dans le domaine de l’actualité expliquée aux jeunes. Le magazine J2 Jeunes, qui a succédé à Cœurs vaillants en 1963 était, selon Alain Fourment, « le seul hebdomadaire à présenter, sur ses 40 pages, 12 pages sur l’actualité, le sport, le cinéma, la danse… ». J2 Jeunes est devenu Formule 1 en 1970. On y trouvait encore une part importante consacrée aux grands sujets d’actualité. En 1981 Formule 1, qui avait un public plutôt masculin, et Djin, qui visait les filles, ont fusionné dans un titre mixte, Triolo, avec là encore un axe fort sur l’information grâce à un mini-journal en noir et blanc encarté dans le magazine : « Planète infos ». En 1993 ce petit magazine d’actualités est devenu autonome sous le titre Infos Junior, il « remplaçait » Fripounet et Triolo. Parallèlement le groupe Télérama (groupe catholique lui aussi) avait lancé en 1992 Télérama Junior. En 1995 ces deux titres qui appartiennent au même groupe, Les Publications de la Vie catholique, s’associent en optant pour une vente jumelée et jouer sur la complémentarité entre l’information et les loisirs culturels, avant de fusionner en 1996. L’année suivante il simplifie son nom pour devenir L’Hebdo des Juniors, avant de se transformer, en 2003, en un grand magazine publié par trois partenaires, Fleurus, Télérama et Le Monde : c’est L’Hebdo, le monde des ados. Un changement de rythme de parution en 2005, fait qu’il est rebaptisé de son nom actuel : Le Monde des ados, même s’il n’appartient plus au groupe du quotidien qui lui prête son nom.

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