Tribune d’Emmanuel Mounier, Président d’Unique Heritage Media et de Fleurus Presse, publiée dans l’Opinion, Jeudi 8 février 2018.

« La filière et les éditeurs ont le devoir de sauver leur système de distribution, qui assure leur indépendance d’esprit et d’entreprise.« 

La presse va mal et ses ventes chutent : c’est un fait. Mais aujourd’hui, la presse est aussi victime et otage de la gestion catastrophique de l’un de ses principaux acteurs, Presstalis, qui a conduit cette entreprise au bord de la cessation de paiement.

Une nouvelle fois, l’État a été appelé au secours du système de distribution de la presse, l’État est au chevet de Presstalis.

La presse est aussi un métier. Il naît de deux libertés, celle de s’exprimer et celle d’entreprendre. En tant qu’éditeur, je suis un entrepreneur attaché à la liberté de publier ses magazines et à celle de les distribuer partout, conscient des investissements qu’ils représentent.

Libéral, je suis persuadé que la distribution peut reposer sur un réseau de proximité et d’efficacité en régions (les dépositaires et les détaillants). Cette organisation doit être mise entre les mains d’entrepreneurs soucieux de leurs coûts et de leurs clients.

« Ma conviction est qu’une réforme de la gouvernance de Presstalis est possible et s’impose pour garantir aux éditeurs la protection de leurs revenus et aux contribuables un bon usage des fonds mis à disposition par l’État.« 

Distribution rentable. La coopérative Lyonnaise de Presse et sa messagerie MLP SAS sont aujourd’hui et depuis 1945 un outil de distribution rentable, à disposition de plus de 500 éditeurs coopérateurs. Elle n’a jamais bénéficié de subventions, a versé à Presstalis plus de 29 millions d’euros depuis 2012 via les péréquations mises en place par le Conseil supérieur des messageries de presse et s’est restructurée en 2017 afin d’assurer sa pérennité.

Par sa réussite, elle est un exemple et plus que légitime pour accompagner une restructuration profonde de la filière de distribution.

Ma conviction est qu’une réforme de la gouvernance de Presstalis est possible et s’impose pour garantir aux éditeurs la protection de leurs revenus et aux contribuables un bon usage des fonds mis à disposition par l’État. Cette réforme ambitieuse et profonde est la seule option viable à long terme pour garantir la réussite d’un nouveau plan de restructuration du bien commun que représente le système coopératif de la distribution de la presse.

L’État a le devoir d’intégrer la coopérative Lyonnaise de Presse à la construction de ce projet.

En tant que citoyen, en tant qu’entrepreneur, au nom de la Lyonnaise de Presse et des plus petits éditeurs, je souhaite que la Lyonnaise de Presse dispose :

  • pour un euro d’une part significative (34 %) du capital de Presstalis et des droits de véto associés ;
  • de 3 sièges au conseil d’administration de Presstalis SAS, organe de contrôle des restructurations envisagées et nécessaires, comme garant pour la filière, pour l’État et pour les éditeurs, des financements envisagés et d’une réelle coopération de travail sur la restructuration de la filière et son organisation.

En parallèle, 3 administrateurs indépendants doivent être nommés pour assurer équité, contrôle et indépendance des décisions.

La filière et les éditeurs ont le devoir de sauver leur système de distribution, qui assure leur indépendance d’esprit et d’entreprise. Certes Presstalis a failli, mais il n’y a pourtant pas de fatalité : il existe des entrepreneurs et des gérants de talent. Donnons sa chance à notre système de distribution.

Pour que plus jamais nous ne soyons les otages d’une situation de fait comme celle que les éditeurs et l’Etat vivent aujourd’hui, les coopératives de presse (Quotidiens, Magazines, Lyonnaise de Presse) doivent accompagner l’État et Presstalis.

 

Emmanuel Mounier, citoyen et entrepreneur, président de Unique Heritage Media, président de Fleurus Presse, éditeur de presse jeunesse depuis 1929, administrateur de la coopérative des Messageries Lyonnaise de Presse.

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