Interview d’Emmanuel Mounier par Chloé Woitier pour Le Figaro.

Le propriétaire de Fleurus Presse (Abricot, Le Monde des ados) et des livres Quelle Histoire cherche à faire des acquisitions dans la presse et souhaite déployer ses marques dans l’animation. Il vient de lever 5 millions d’euros.

Unique Heritage Media cherche à grossir dans l’univers de l’enfance. Le groupe média, propriétaire des magazines de Fleurus Presse (Abricot, Pirouette, Je lis déjà, Le Monde des Ados, Vanille…) et des éditions jeunesse Quelle Histoire, vient de lever 5 millions d’euros auprès de trois fonds d’investissement (123 Investment Managers, Entrepreneur Venture et Education Wizards Investissement) pour financer sa croissance. Objectif, faire des acquisitions et approcher le monde de l’animation.

« Il y a des dossiers à saisir en presse papier qui peuvent entrer en synergie avec nos titres », explique Emmanuel Mounier.

Le président de Unique Heritage Media s’intéresse aux magazines de Disney Hachette Presse, coédités par Disney et Lagardère Active (Le Journal de Mickey, Picsou Magazine…), ainsi qu’à Sciences et Vie, détenu par Mondadori France. Il va falloir agir vite: Mondadori France est en passe d’être revendu à Reworld Media, tandis que Lagardère s’apprête à vendre l’essentiel de sa presse au groupe tchèque Czech Media Invest.

« Nous voulons bâtir un véritable axe autour de la jeunesse et de l’apprentissage », poursuit le président.

Avec ses personnages et ses univers, Unique Heritage Media aimerait aussi s’approcher du monde de l’animation. « Nous sommes en pleine prospection, mais l’idée serait de faire de la coproduction avec des studios spécialisés », explique le président. Dessins animés pour YouTube, Netflix ou la télévision, toutes les pistes sont à l’étude.

Des ouvrages traduits aux États-Unis

Unique Heritage Media a racheté en 2015 le groupe Fleurus Presse au fonds d’investissement OpenGate Capital.

« Nous avons revu l’an passé toutes les maquettes, le papier, les formats, les contenus et créé en interne de nouveaux personnages », explique Emmanuel Mounier. « En contrepartie, nous avons réhaussé les tarifs de l’ordre de 10%.»

La diffusion payée des magazines a accusé le coup, avec un recul de 6% en un an pour Le Monde des Ados (28.600 ventes par numéro en moyenne) et de -2,5% pour Abricot (59.000 ventes). Mais le chiffre d’affaires reste stable selon la direction. « Abricot génère 4 millions d’euros, Le Monde des Ados 3,5 millions d’euros, tout comme la gamme Tout Comprendre », souligne le président. Unique Heritage Media a également lancé de nouveaux titres, comme la version française de National Geographic Kids (8900 ventes) ou Quelle Histoire Magazine.

Quelle Histoire est l’autre pilier de Unique Heritage Media. Cette série de petits livres pédagogiques vise à réconcilier les enfants avec l’histoire en présentant des personnages aussi divers que Cléopâtre, Marie Curie, Antoine de St Exupéry ou Rosa Parks. Le groupe en a vendu 250.000 exemplaires en 2017 pour 2 millions d’euros. Il veut désormais accélérer grâce à une distribution en librairie prise en charge par Hachette, qui lui assure une meilleure exposition. La levée de fonds va aussi permettre de lancer des campagnes de communication. Quelle Histoire vient également de traverser l’Atlantique grâce à une alliance avec le géant américain de l’édition MacMillan.

« Il est encore trop tôt pour avoir des chiffres de vente, les livres ayant été mis sur le marché mi-juillet aux États-Unis. Mais MacMillan vient de commander douze nouveaux titres pour cet automne, c’est un bon signe! », sourit Emmanuel Mounier.

Le groupe a réalisé 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017 et serait rentable. Soixante pour cent de ses revenus proviennent des abonnements, et 30% des ventes de livres et de magazines en kiosques. Unique Heritage Media détient également une régie print et digitale qui gère notamment les magazines de Panini Presse. Autre source de revenu, la newsletter Wondercity, qui propose à ses 400.000 abonnés des idées de sorties et d’activités pour les enfants dans les grandes métropoles françaises. Certaines de ces suggestions sont payées par des marques ou des institutions.

Interview d’Emmanuel Mounier par Chloé Woitier pour Le Figaro.

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